Les fans de notre sport national ont failli ne pas avoir de saison de hockey. Il faut dire qu’après 2004-2005, les partisans vivent dans la crainte de se faire encore voler une saison.
Heureusement, depuis le 19 janvier dernier, la Sainte Flanelle est de retour au jeu et enfin les partisans peuvent oublier leurs soucis pour encourager leurs joueurs étoiles préférés à grandes lampées de bières, de hot-dogs à vingt dollars et de Go Habs Go!
Quelques fans orgueilleux prétendent boycotter le retour au jeu, mais combien de temps résisteront-ils ?
Des conflits de travail dégénérant en grève ou en lock-out, on en voit tous les jours : ouvriers, infirmières, enseignants, cols bleus et maintenant nos hockeyeurs … Tous souhaitent améliorer leurs conditions de travail. Et pour ce faire, on n’hésite plus à prendre des otages : notre patience à l’urgence, l’éducation de nos enfants, nos Soirées du hockey.
Ce n’est pas que je suis tellement en faveur de la grève, ni celle des joueurs de hockey ni même celle d’étudiants, mais je me suis toujours demandé pourquoi les agriculteurs n’utilisaient pas ce moyen de pression pour faire avancer leurs causes.
Il y a une dizaine d’années, j’avais même posé la question. Un producteur laitier de St-Isidore m’avait répondu : « Ben voyons, on se mettrait le grand public à dos! » Il avait aussi ajouté que c’était pratiquement impossible vu l’aspect périssable des produits agroalimentaires, mais pour lui c’était l’opinion publique qui comptait le plus.
Pour ma part, je crois aujourd’hui que le grand public a la mémoire courte et qu’il pardonne rapidement. Je suis aussi convaincue que la crainte de perdre quelque chose nous fait l’apprécier davantage.
Nous devrions demander au public d’imaginer notre pays sans agriculture ; de consommer des aliments produits dans des conditions inconnues on ne sait où ; d’imaginer nos campagnes sans agriculture, voire sans agriculteurs ; d’essayer de concevoir tout le reste de la chaîne agroalimentaire sans ce qui est sa base.
On le dit souvent, les consommateurs ont une vision erronée de l’agriculture et ce ne sont pas les émissions à sensation comme la Face cachée de la viande ou encore l’Amour est dans le Pré qui vont leur en apprendre davantage.
La solution serait-elle le service agricole obligatoire pour les non-agriculteurs ? Peut-être aussi qu’une journée à la ferme serait suffisante pour voir que les vraies superstars ne sont pas nécessairement chaussées de patins.