L’industrie laitière mondiale est certainement en grande évolution en ce moment avec la fin des quotas dans l’Union européenne, une augmentation de la demande mondiale menée par les pays asiatiques, une plus grande fluctuation du prix du lait mondial et les négociations de divers partenariats économiques tels que le partenariat Trans-Pacifique.

Mais, qu’est ce que cela veut dire pour l’industrie laitière canadienne? Les pressions sont constantes sur notre système. Des économistes du Conference Board du Canada et de certains médias demandent la fin des quotas laitiers afin d’être intégré aux marchés mondiaux. Ces « gourous » de la déréglementation à tout prix, du libre marché et de la croissance absolue sont au premier plan pratiquement à chaque semaine dans les médias.

Certes, le système de gestion n’est pas parfait et je crois fermement que l’industrie laitière canadienne se doit d’être plus efficace et plus compétitive. Nous ne pouvons nous permettre de ne pas regarder ce qui se fait ailleurs en terme de productivité. Sinon, nous allons vraiment commencer à tirer de l’arrière. Ceci étant dit, la ferme familiale canadienne est en bien meilleure posture avec notre système de contingentement et cela ne coûte rien à nos gouvernements en terme de paiements directs (subsides) ni aux contribuables en terme de taxes.

Si j’écoute les échos de certains producteurs à travers la planète, je serais inquiet aussi par rapport à la fin des quotas. En Allemagne, après des prix du lait historiques avant l’abolition complète des quotas on voit maintenant une chute des prix à 0,28 euro par litre, ce qui correspond pour plusieurs au seuil de rentabilité. Du côté de la Nouvelle-Zélande, après eux aussi des prix historiques en 2014 et une météo favorable nous voilà en début d’année avec une dégringolade du Global Dairy Trade Index, qui est utilisé comme base pour le prix du lait mondial. Plusieurs analystes prévoient que l’année 2015 sera difficile pour les fermes laitières néo-zélandaises et ceci est combiné à l’annonce récente du géant Fonterra de couper les dividendes afin de pallier à un exercice financier décevant. Plus près de chez nous, dans l’État de New York, 8 fermes laitières ont récemment reçu un avis de 30 jours de la part de leur transformateur. Celui-ci annonçait qu’il n’allait plus ramasser leur lait, car il y présentement trop de lait dans l’État de New York. Ces producteurs se retrouvent seuls à trouver un nouveau débouché pour leur lait…

Voici quelques exemples des effets néfastes de la libéralisation à tout prix. Selon moi, notre système assure aux producteurs laitiers un prix respectable et garde un certain pouvoir de négociation face aux industriels. Pourquoi devrions-nous enrichir une poignée d’actionnaires de grosses compagnies alimentaires au détriment de toute la communauté agricole canadienne? J’estime très dangereux pour un pays de perdre sa souveraineté alimentaire afin de faire un profit de courte durée sur les marchés mondiaux.

Maintenant, il est clair qu’il y a une demande de la population pour des produits canadiens de qualité et il est primordial pour nous les agriculteurs de répondre à nos consommateurs.