L’agriculture primaire contribue à la hauteur de 8,5 millards de dollars au PIB de l’Ontario. C’est l’un des secteurs les plus importants de notre économie. L’agriculture et la foresterie sont les seuls secteurs économiques capables de séquestrer du carbone dans le sol à très grande échelle. La pandémie de la COVID-19 nous a amenés collectivement à réaliser toute l’importance de soutenir l’autonomie alimentaire.

Inspirée de ces 3 constats, l’UCFO a rédigé cette plateforme, en prévision des élections provinciales du 02 juin 2022, pour soumettre des propositions d’engagements aux candidats.es des différents partis politiques sur les enjeux de l’agriculture franco-ontarienne.


Priorité #1 : Renforcer la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire

1.1. Pour une main-d’œuvre agricole disponible et compétente

Le besoin en main-d’oeuvre s’intensifie plus que jamais dans le secteur agricole en Ontario. L’impact économique des 4 400 postes vacants dans le secteur en 2017 a couté 591 millions de dollars. D’ici 2025, l’Ontario aura besoin de pourvoir 46 600 postes agricoles, soit 38 % de l’ensemble de la main-d’oeuvre agricole requise. Le nord de l’Ontario est la région la plus touchée par la rareté de travailleurs. En 10 ans, la région a perdu plus de 1 000 de travailleurs francophones dans le secteur agroalimentaire et rien n’indique que la situation s’est améliorée.

Nous sollicitons votre engagement pour :

La jeunesse :

  • Instaurer, dans le cursus scolaire primaire et secondaire, des cours de littératie agroalimentaire en français pour sensibiliser les jeunes à une alimentation saine et locale et pour valoriser les métiers de l’agriculture;
  • Subventionner, au niveau provincial, des stages auprès des agriculteurs pour offrir des expériences de travail pratiques aux étudiants ou aux jeunes ; 
  • Créer une campagne provinciale de promotion des métiers d’agricultures en collaboration avec les organismes agricoles et les institutions d’enseignement;

Les changements de carrière :

  • Financer la création de programmes qui vise à arrimer les profils d’employabilité des immigrants francophones avec les besoins en main d’oeuvre des entreprises agricoles;
  • Établir des programmes pour faciliter la reconversion de travailleurs dans les métiers de l’agriculture;

Auprès du gouvernement fédéral :

  • Exiger du fédéral des modifications aux règlements du programme de travailleurs temporaires étrangers qui empêchent le partage de la main d’oeuvre entre les entreprises agricoles afin de répondre aux besoins ponctuels en main d’oeuvre;
  • S’engager à minimiser le fardeau administratif imposé par les éventuels changements aux exigences d’hébergement du Programme des travailleurs étrangers temporaires en vertu des amendements proposés au Règlement sur l’immigration et la protection des réfugiés et, le cas échéant, soutenir financièrement les entreprises agricoles pour se conformer à ces nouvelles exigences.

1.2. Pour une relève agricole engagée afin de maintenir la masse critique des entreprises agricoles

L’établissement de la relève agricole est plus incertain que jamais. La valeur moyenne de terres agricoles en Ontario a augmenté de 22,2% en 2021. Cela impose un fardeau d’endettement irréaliste pour la relève agricole. L’âge moyen des propriétaires d’entreprises agricoles francophones est de 55 ans. Moins de 5% des exploitants sont âgés de moins de 35 ans. Nous devons donc rapidement prendre les moyens pour encourager l’entrepreneuriat de la relève agricole. 

Nous sollicitons votre engagement pour :

  • Établir des mécanismes fiscaux pour prioriser la vente de terres agricoles à la relève tout en leur permettant d’obtenir du financement adapté aux risques et aux besoins en liquidité du secteur agricole  ;
  • Mettre en place des mécanismes pour encourager la création des fiducies foncières pour protéger les terres agricoles de la spéculation des marchés et en favoriser l’accès pour  la relève à faibles coûts ;
  • Appuyer la création d’un incubateur agricole francophone afin que l’établissement de la relève agricole bénéficie de services d’accompagnement pour en assurer la réussite.

1.3. Pour une souveraineté alimentaire résiliente

Avec une demande alimentaire intérieure estimée à plus de 60 milliards de dollars et de revenu d’importations alimentaires chiffrés environ à 10 milliards de dollars de plus que ceux des exportations et plus de 790 millions de dollars sont consacrés à l’importation internationale de boeuf, une relance de l’économie par un soutien à la demande des produits locaux stimulera la production locale de ces biens et généra des emplois et des revenus pour les ménages qui alimenteront davantage la demande intérieure. Cependant, la pénurie de la capacité de transformation et de la main-d’œuvre, l’augmentation des coûts de production suite à l’inflation et la crise géopolitique sont des facteurs pouvant nuire au bon fonctionnement de ce modèle économique.

Nous sollicitons votre aide pour :

  • Stimuler l’approvisionnement régional des produits agricoles, notamment des viandes de spécialité, par les restaurants et les épiceries ;
  • S’engager à actualiser la réglementation sur les abattoirs provinciaux pour augmenter la capacité d’abattage régionale et réduire les contraintes interprovinciales pour les viandes non destinées à l’exportation ;

 

Priorité #2 : Pour une agriculture durable

En Ontario, l’agriculture produit environ 5% des émissions totales de gaz à effet de serre (GES), mais le secteur agricole est aussi porteur des solutions aux changements climatiques. Par l’adoption de bonnes pratiques de gestion, les exploitations agricoles peuvent réduire davantage la quantité de GES, à l’instar des autres industries. Cependant, l’agriculture et la foresterie sont les seuls secteurs capables de séquestrer du carbone dans le sol à très grande échelle.

Près de 175 acres de terres agricoles de qualité sont perdus quotidiennement en Ontario au profit de l’urbanisation. Seul 5% de tout le territoire de l’Ontario est propice à l’agriculture avec moins de 1,5%  de terres agricoles de première qualité. Les terres agricoles sont une ressource limitée et non renouvelable qu’il faut protéger, et à l’instar des autres secteurs, l’agriculture doit bénéficier d’un soutien pour continuer d’améliorer ses pratiques.

Nous sollicitons votre appui pour :

  • Protéger les terres agricoles contre l’étalement urbain et l’utilisation à des fins non agricoles;
  • S’engager à offrir des avantages financiers aux producteurs qui adoptent et/ou accélèrent des pratiques agroécologiques;
    • Soutenir financièrement les agriculteurs dans la couverture des coûts liés à la transition vers des pratiques agricoles moins dépendantes des pesticides et des fertilisants d’origine fossile;
    • Soutenir la conversion en agriculture biologique par des crédits d’impôt et/ou des remboursements des frais inhérents à la certification biologique.
  • Développer un plan provincial d’agriculture durable en concertation avec les organismes agricoles;

 

Priorité #3 : Pour une meilleure offre active des services en français

Plus de 50 % de nos membres ont rapporté avoir été confrontés à un désavantage lié à la disponibilité du service et des informations en français pour les programmes d’aides aux agriculteurs. Pourtant, ces programmes sont offerts par les services gouvernementaux ou leurs mandataires. La Loi sur les services en français (LSF), modifiée en décembre 2021, dote les organismes gouvernementaux de la responsabilité de porter à la connaissance des utilisateurs leur droit d’être servis en français et leur a donné un pouvoir réglementaire  la traduction des règlements.  

Pour optimiser les modernisations apportées à la LSF :

  • S’assurer que les modifications portées à la loi sur les services en français garantissent aux agriculteurs l’accès à un service en français et à l’information auprès des organismes mandataires selon les délais identiques qu’en anglais.
  • Instaurer une sensibilisation systémique du personnel gouvernemental à la Loi sur les services en français et à son application;
  • Assurer que tous les services offerts par les agences gouvernementales désignées soient disponibles de façon équivalente en français et en anglais.

 


Pour plus d’informations:

Danik Lafond, directeur général

[email protected]