Durant les derniers mois, le cadre politique de l’Ontario a grandement changé avec la prorogation de la chambre, la démission-surprise de Dalton McGuinty et la nomination de la première femme à la tête du gouvernement de l’Ontario. Suite à la course à la direction du Parti libéral de l’Ontario, c’est la nouvelle première ministre Kathleen Wynne qui a pris place à la tête du gouvernement.
Lors de sa campagne, elle avait clairement mentionné qu’elle voulait non seulement prendre le rôle de première ministre, mais aussi celui de ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales pour une période d’un an. Lors de l’assermentation du nouveau cabinet, la première ministre a tenu parole, mais a confié les rênes du ministère des Affaires rurales au député de la circonscription de Peterborough, Jeff Leal.
En prenant contrôle du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, Kathleen Wynne avait comme objectif de reconnecter le monde rural avec son parti. De fait, le Parti libéral de l’Ontario a perdu énormément de terrain à l’extérieur des grandes villes lors des dernières élections. Plusieurs régions rurales sont maintenant aux mains du Parti conservateur de Tim Hudak (est et sud-ouest de l’Ontario), tandis que les néo-démocrates sont en avance dans les régions de Hamilton, Niagara et dans le nord de l’Ontario.
À première vue, les intentions de la première ministre de reconnecter son parti avec le monde rural peuvent être louables. Cependant, est-ce la meilleure façon de faire que de prendre le contrôle d’un ministère aussi important que celui de l’Agriculture? Allons-nous, agriculteurs, être bien représentés par quelqu’un qui occupe déjà les fonctions de première ministre?
Permettez-moi de douter que son attention est réellement dirigée sur les différents enjeux agricoles actuellement. Et pour preuve, lors du récent discours du trône, elle n’a pas touché un mot au sujet de l’agriculture et presque rien n’a été mentionné en termes de ruralité.
Doit-on rappeler à Madame Wynne que la mission du ministère dont elle a pris la charge est de « créer un Ontario sain en jouant un rôle catalyseur dans la transformation de notre agriculture, de nos secteurs alimentaires et de nos collectivités rurales » ? Près de 700 000 emplois dépendent de sa capacité quotidienne à poser des actions en faveur de notre industrie agricole et agroalimentaire ontarienne.
Dans une situation comme cela, nous ne pouvons faire autrement que de donner la chance au coureur afin que la première ministre et, par le fait même, que la ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation tienne parole. Elle ne cesse de répéter que la ruralité est une priorité pour le Parti libéral de l’Ontario, alors j’espère qu’elle saura nous le prouver. Cependant, celle-ci devra rendre des comptes aux électeurs aux prochaines élections si elle ne peut garantir que les agriculteurs ontariens seront bien représentés.