Un article publié dans cette édition d’Agricom met en évidence une nouvelle réalité agricole : l’arrivée de nouveaux joueurs spécialisés dans la spéculation des terres agricoles.

En effet, depuis 2008 avec la hausse des prix à la bourse de Chicago, nous avons observé une hausse de la valeur des terres dans la majorité des régions de l’Ontario. Face à des prévisions favorables de la valeur marchande des grains et des terres, des firmes d’investissement et même des compagnies étrangères ont commencé à acheter des terres canadiennes.

De fait, la compagnie Bonnefield Canadian Farmland Corp., qui se veut un investisseur dans les terres agricoles et un gestionnaire de propriétés agricoles, en est un excellent exemple. La compagnie gère depuis 2010, 13 841 acres de terres situées en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta.

Les répercussions
La réalité nous montre que ce type d’entreprise tente de diversifier ses investissements, car les marchés boursiers sont actuellement très incertains et volatiles. Et que dire des rendements des obligations qui sont quasi nuls.

Une entreprise telle que Bonnefield a d’énormes capitaux à sa disposition pour investissement. Ils seront actifs dans le secteur agricole aussi longtemps que les prix des terres seront à la hausse et qu’ils pourront offrir de bons rendements à leurs actionnaires.

Cependant, du moment que les marchés des actions reprendront du mieux ou lorsqu’ils n’arriveront pas à retirer les bénéfices prévus pour leurs actionnaires, ceux-ci risquent de leur tourner le dos assez rapidement. Ainsi, l’effet spéculatif sur le prix des terres entre en jeux.

Un autre enjeu qui entre en cause est celui de la gestion des fermes et des ouvriers. Il est difficile de nos jours de trouver de la main-d’œuvre qualifiée et encore plus des gestionnaires de qualité. Les bons gestionnaires ont déjà des fermes et ceux-ci font déjà de l’argent.

D’un autre côté, cela pourrait être bénéfique pour des gens qui voudraient vendre leur entreprise ou qui n’ont pas les capitaux nécessaires pour investir dans leur propre ferme. Donc, l’option de location avec un contrat de crédit-bail à long terme pourrait être une avenue pour ceux-là.

Effet de mode?               
Est-ce que ce type d’entreprise sera actif dans le milieu temporairement ou sera-t-il le précurseur de la venue d’autres compagnies de ce type? Quel sera l’avenir de la ferme familiale conventionnelle? Il est trop tôt pour évaluer les conséquences d’une telle éventualité.

Par contre, le risque de voir l’apparition de «gros» producteurs bien équipés, mais qui en fin de compte ne sont que locataires est bien réel. Est-ce un risque pour la retraite des agriculteurs qui n’auront plus d’actifs à vendre pour financer leurs vieux jours? À chacun d’y voir!