Il y a de cela plus de quinze ans, lors d’un passage à Hawkesbury, j’ai dû demander une information à un passant sur la route. Étant à cette époque une jeune Québécoise, je sortis mon plus bel anglais pour poser ma question. Quel ne fut pas mon étonnement de découvrir que la personne à qui je m’adressais ne parlait pas anglais. En Ontario, quelle surprise!

J’habite maintenant cette province depuis dix ans et j’ai découvert une culture francophone extraordinaire. La richesse de la culture franco-ontarienne est grande et gagne à être découverte. Le fait d’habiter à Ottawa me permet de vivre pleinement en français.

Grâce à la vaillante bataille de plusieurs, j’ai accès à des soins de santé en français, à un vaste monde culturel francophone et si j’avais des enfants, je pourrais les envoyer à l’école française. À lire cette liste, on croirait que tout va pour le mieux pour le cas du français en Ontario. Mais un grand domaine d’activité reste absent de ma liste, et j’ai nommé la « business ».

La culture, l’éducation et la santé, ça va pour le français, mais tout le monde sait que les affaires se font en anglais. On ne peut pas s’attendre à ce que les entreprises privées montrent le chemin, mais qu’en est-il du gouvernement provincial?

Tous seront d’accord pour mettre de l’avant l’importance d’accélérer le transfert des connaissances acquises à travers les travaux des chercheurs aux producteurs agricoles. Donc comment se fait-il que ces programmes ne se fassent qu’en anglais? Est-ce dire que les producteurs francophones n’ont pas besoin de ce savoir? Et quand ces programmes sont soutenus par le gouvernement, ne serait-on pas en droit de s’attendre à un accès égal? Est-ce dire que le français, c’est bon pour les chansons, mais pas pour les résultats de recherche?

Dans la dernière édition d’Agricom, l’équipe rédactionnelle nous apprenait que l’application mobile Aphid Advisor développée par l’Université de Guelph, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture de l’Ontario (MAAARO), n’avait à ce jour fait l’objet d’aucune traduction. La raison : l’université en question «  n’est pas assujettie à la Loi sur les services en français et les services qu’elle offre dans le cadre de cette entente ne sont pas considérés comme des services offerts au nom du MAAARO ».

Or, ce sont les impôts des francophones, autant que ceux des anglophones, qui ont servi à financer le développement de cette application, non ? Ne serait-on pas en droit d’exiger que tous les projets auxquels contribue le ministère soient aussi accessibles en français ?

Comme dirait le chansonnier Richard Desjardins, « m’as mettre un homme là-dessus! ».