Quand j’étais jeune, durant l’été, des cousins et des cousines de la ville venaient nous visiter à la ferme. Puisqu’ils ne connaissaient absolument rien du milieu agricole, ils voulaient tout essayer et tout faire. On leur donnait l’impression d’être bien utiles, alors qu’on les trouvait au contraire « dans nos jambes ». À vrai dire, on avait plutôt très hâte de les voir partir. Il fallait leur expliquer pourquoi ceci, pourquoi cela, ce qui prenait beaucoup de notre temps, un temps précieux comme vous l’aurez deviné.
 
En y repensant bien aujourd’hui, ces gens de la ville font partie de l’ensemble des consommateurs qui achète semaine après semaine les produits de nos fermes. Si on ne leur offre jamais la possibilité de visiter nos entreprises agricoles, comment peuvent-ils apprécier et avoir de la reconnaissance pour le métier d’agriculteur.

De nos jours il est vraiment rare de voir brouter des vaches laitières, car la majorité des fermes garde maintenant leurs vaches à l’intérieur des étables douze mois par année. Donc pour un jeune citadin qui n’a jamais vu une vache autrement que dans un livre dira sûrement que le lait vient du magasin.
 
Il y a quelques années, l’Est ontarien avait connu de belles expériences avec Agri-Tour, mais pour certaines raisons, l’expérience s’est terminée abruptement après une douzaine d’années. Par contre au Québec, avec un appui financier du gouvernement, ainsi que de nombreuses multinationales, ils peuvent se vanter d’avoir une excellente vitrine pour les entreprises agricoles en invitant la population non agricole à aller visiter les nombreuses fermes hôtesses chaque 2e dimanche de septembre, et ce, depuis les 11 dernières années. Lors de cette même journée, le parc Jean-Drapeau de Montréal est le site d’un grand rassemblement agricole où les visiteurs peuvent se familiariser avec tout ce que l’on trouve sur une ferme en milieu rural.
 
Que ce soit aux expositions agricoles, aux marchés fermiers régionaux, aux portes ouvertes sur les fermes ou simplement lors des très populaires foires gourmandes, il est clair que le consommateur est de plus en plus soucieux de la provenance des aliments qu’il achète. Ce même consommateur voudra aussi connaître dans quel genre d’environnement vos animaux sont gardés. Il y a tellement de fausses allégations qui sont propagées dans les médias sociaux et traditionnels par de soi-disant protecteurs du bien-être animal que de faire visiter nos fermes qu’une seule journée par année serait certainement bénéfique pour tous.
 
Bref, je ne peux qu’espérer qu’une version améliorée d’Agritour soit relancée le plus vite possible, et ce, partout en province tout en s’inspirant du modèle québécois.